"On critique tout le temps les jeunes. Regardez ce qu'ils sont capables de faire !" Gérard et Marie-Thérèse, tous deux retraités, ont à coeur de transmettre les métiers manuels aux jeunes générations. Toutes les semaines, ils se réunissent avec 25 autres vieux artisans et une cinquantaine d'enfants qui se passionnent pour les savoir-faire manuels.
— Réalisation : Clément Boxebeld, Julia Mourri | Montage : Léonie Cornié
Ils aiment rire, bien manger et être au contact des plus jeunes. Autour d'un aligot ("Vous ne pouvez pas repartir sans en avoir mangé un !", nous a mis en garde Marie-Thé), le couple Marty nous raconte comment ils consacrent leur retraite, depuis une dizaine d'années maintenant, à faire en sorte que les enfants apprennent les métiers qui disparaissent. "Tout ce qui est manuel, ça a tellement été décrié… À l'école, c’étaient les cancres qui allaient là", se souvient Gérard.
Depuis que l'ancien carreleur et sa femme ont ouvert l'association L'Outil en Main de Rodez, ils ont trouvé un local, multiplié les partenariats pour l'équiper en machines et accueillent ainsi 25 artisans retraités par semaine, qui enseignent bénévolement aux 50 enfants de 10 à 12 ans les métiers manuels.
Presque un temps-plein pour les deux septuagénaires. Quand elle pense à tout ce qu'elle a à faire, Marie-Thé lève les yeux au ciel. La tête dans les plannings, cette petite dame aux cheveux rouges s'assure méticuleusement que chaque jeune découvre tous les savoir-faire portés par les bénévoles présents. "Dans les 255 antennes de l’Outil en Main France, il n'y en a pas beaucoup où ce sont des couples qui s'investissent dans l’association", dit Marie-Thé. "C'est vrai que si l'un de nous lâche un jour, il va y avoir de gros problèmes", poursuit Gérard.
Ce jour-là, le Président accompagne une jeune apprentie dans la réalisation d'un oiseau en micro-mosaïque. Conscient que son métier de carreleur était difficile à transmettre dans l'enceinte du local, Gérard a fait un stage de deux mois pour apprendre cette technique et la proposer aux enfants lors des ateliers, "pour me recycler" dit-il. Il a l'habitude de couper, re-couper et assembler des carreaux, alors il a vite appris. "On leur montre la technique, mais on ne leur impose rien. C’est le contraire, plus ils sont créatifs, plus c'est joli."
Ce qui nourrit les Marty ? Continuer d'exercer, d'apprendre, mais surtout être au contact des jeunes. "Ça ne s’explique pas, ça se ressent", dit Gérard les yeux brillants. Ces moments suspendus, le mercredi après-midi, sont pour lui la seule occasion de transmettre son expérience, avec l'espoir de créer des vocations : "Les jeunes sont souvent critiqués. Mais regardez ce qu'ils sont capables de faire ! Ce sont des manuels. Ce sont eux, demain, qui vont nous remplacer !"
— Texte : Julia Mourri, Photos : Clément Boxebeld, Julia Mourri
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