Pierre puise sa matière dans ce que les gens jettent. Il voit dans un plat à poisson un visage, transforme une passoire en couvre-chef ou une selle de vélo en tête de serpent. Ce sculpteur recycleur libère les objets qui lui tombent dans les mains de leur fonction première et les "anarchise" avec humour.
— Réalisation : Clément Boxebeld, Julia Mourri | Montage : Richard Adle
Pierre Prévost fait des christs avec des guidons de bicyclette, des fourchettes et des râpes à fromage. "Ce que j’aimerais, c’est qu’un curé me dise : ‘J’ai une messe demain, j’ai pas de christ, est-ce que tu peux m’en bricoler un ?’ À ce moment-là, je vais à l’église, je fouille dans les poubelles, je lui bricole un christ en deux coups de cuillère à pot."
Ses sculptures sont réparties par centaines en pleine nature, aux alentours de sa petite maison en Aveyron : cohorte d’épouvantails, troupeau de chevaux, cochons et créatures en tous genres. Pierre puise sa matière dans ce que les gens jettent. Il voit dans un plat à poisson un visage, trouve dans une selle de vélo la tête d’un serpent, ou transforme un balai en crinière.
Les objets qui lui tombent dans les mains, il les "anarchise" : ils perdent leur fonction première pour faire ce que le sculpteur recycleur veut leur faire faire. En naissent des sculptures qui s’inscrivent résolument dans notre temps. "Pas besoin de prendre du carbone 14" En entrant dans son univers, difficile de ne pas voir d’un autre œil les objets qui peuplent notre quotidien.
— Texte : Julia Mourri, Photos : Clément Boxebeld, Julia Mourri
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